Trump envisage d'empêcher les États d'adopter des réglementations sur l'IA par décret présidentiel, suscitant des controverses sur la sécurité et la régulation

Le président Trump a récemment confirmé qu’il allait signer un décret visant à remplacer par une politique fédérale plus souple les réglementations sur l’intelligence artificielle que les États mettent en œuvre ou envisagent d’adopter. Dans une publication sur Truth Social, Trump a souligné que les États-Unis devaient maintenir des « règles unifiées », faute de quoi leur position de leader dans la course mondiale à l’IA risquait d’être affaiblie. Il a déclaré que si les 50 États établissaient chacun leur propre réglementation, « l’intelligence artificielle serait étouffée dans l’œuf ».

Ce projet a rapidement suscité l’inquiétude d’organisations de sécurité, d’universitaires et de parlementaires des deux partis au niveau des États. Au cours des derniers mois, à mesure que l’IA s’est immiscée dans la vie quotidienne — y compris dans la santé, la police, le recrutement, la génération de contenus et les communications — les États ont progressivement adopté des lois limitant les deepfakes et luttant contre les discriminations algorithmiques. En l’absence d’une législation fédérale globale, la régulation au niveau des États est perçue comme un moyen essentiel de combler le vide en matière de sécurité de l’IA.

Les critiques estiment que le décret de Trump pourrait affaiblir la régulation, permettre aux grandes entreprises technologiques de se soustraire à leurs responsabilités et rendre difficile la prévention des risques liés à l’IA, tels que les recommandations erronées causant des préjudices aux utilisateurs, l’exposition des enfants à des contenus inappropriés, les biais algorithmiques, les atteintes à la vie privée ou encore la prolifération de fausses informations. Les partisans — parmi lesquels Sam Altman, PDG d’OpenAI, et d’autres figures de la Silicon Valley — estiment quant à eux que la fragmentation des réglementations étatiques nuit à l’innovation, ralentit la progression des États-Unis dans la compétition mondiale sur l’IA et affecte la sécurité nationale ainsi que leur avantage économique.

Selon un projet révélé par CNN, le décret ordonnerait au procureur général des États-Unis de créer un « groupe de travail sur le contentieux de l’IA » pour contester les lois des États et les remplacer par un cadre fédéral unifié. La position centrale de l’administration Trump est d’alléger la charge réglementaire des entreprises et d’accélérer le développement de l’IA grâce à un système de règles unique.

Cependant, les voix opposées se multiplient. Des centaines de groupes, dont des syndicats du secteur technologique, des organisations de défense des consommateurs et des établissements d’enseignement, ont cosigné une lettre au Congrès, mettant en garde contre l’interdiction de la régulation étatique qui pourrait entraîner des pertes massives d’emplois, une tarification monopolistique et une explosion de la consommation énergétique. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a qualifié cette démarche de « dépassement excessif du pouvoir fédéral », affirmant qu’elle priverait les États de leur capacité à protéger leurs citoyens.

À l’approche de la version finale du projet, le débat politique et industriel autour de la régulation de l’IA aux États-Unis s’intensifie, et le futur modèle de régulation pourrait bien influencer la compétitivité, la sécurité et l’impact social des États-Unis dans le domaine de l’intelligence artificielle.